Si au moins la moitié des personnes menstruées connaissent le syndrome prémenstruel et certains de ses désagréments physiques ou psychiques, 3 à 8% d’entre elles souffrent de trouble dysphorique prémenstruel, une forme sévère du SPM qui génère un profond mal-être chez les personnes qui en souffrent.
Pensées suicidaires, hypersensibilité cyclique, ou accès de colère ou insomnies, tels sont les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) qui fait de la période avant les menstruations un véritable enfer sur le plan psychique.
Qu’est-ce que le trouble dysphorique prémenstruel exactement ? Comment savoir si tu en souffres ? Et surtout comment bien vivre avec ? REPEAT vous dit tout.
QU’EST-CE QUE LE TROUBLE DYSPHORIQUE PREMENSTRUEL ?
Le trouble dysphorique prémenstruel, ou TDPM, est une forme beaucoup plus prononcée du syndrome prémenstruel, notamment sur le plan psychique. Il apparaît pendant la phase lutéale soit de l’ovulation jusqu’au premier jour du cycle (la phase folliculaire étant celle débutant le premier jour de menstruation) et sa périodicité le rend donc particulièrement difficile à vivre car, comme les règles, il revient tous les mois.
Il n'apparaît généralement pas dès la puberté mais plutôt vers 30 ans et peut durer jusqu’à la ménopause … mais il peut aussi disparaître suite à une grossesse.
Les personnes atteintes du trouble dysphorique prémenstruel font face à de graves perturbations dans leur vie quotidienne, sociale et/ou professionnelle à cause des affections extrêmes et brutales auxquelles elles font face. En effet, si le syndrome prémenstruel peut être géré par des anti-douleurs, de la relaxation ou une alimentation plus équilibrée, le TDPM représente une véritable souffrance pendant la moitié du mois.
Quelles sont les différences entre SPM et TDPM ?
Si à première vue les deux troubles peuvent se ressembler, il y a quand même des facteurs qui permettent de déterminer s’il s’agit d’un SPM ou de la forme grave : le TDPM.
Les symptômes du SPM
Environ 50% des personnes menstruées subissent l’un ou plusieurs des troubles suivants :
- Maux de ventre et crampes
- Gonflement des seins
- Jambes lourdes
- Problèmes digestifs
- Sensation de fatigue
- Irritabilité
- Vulnérabilité émotionnelle
Les symptômes du TDPM
Quelques personnes souffrent d’un syndrome prémenstruel amplifié à l’extrême ; c’est le trouble dysphorique prémenstruel. Ces symptômes amplifiés concernent surtout l’aspect psychologique et émotionnel, avec notamment :
- De fortes variations d’humeur sans raison apparente, allant de la tristesse jusqu’à la dépression avec des envies de suicide
- Une grande irritabilité menant à de l’agressivité et de la colère
- Des conflits relationnels
- Un désintérêt pour la plupart des activités auparavant appréciées
- Une fatigue intense en alternance avec des phases d’insomnie
- Un sentiment de perte de contrôle entraînant des crises de panique
- Une modification de la libido avec une envie de rapports sexuels inhabituelles (plus ou moins)
TDPM versus endométriose
Le trouble dysphorique prémenstruel, contrairement à l’endométriose, n’intensifie pas les douleurs physiques, une variation de la durée des menstruations ou l’abondance des saignements menstruels (aménorrhée ou ménorragie).
De plus, l'endométriose se caractérise par la formation de tissus semblable à la muqueuse utérine (endomètre) en dehors de l'utérus. Les personnes qui en souffrent ressentent de vives douleurs dans le bas-ventre et/ou au niveau du vagin. Les lésions d’endométriose peuvent toucher les ovaires ou les trompes de Fallope, ce qui peut engager le diagnostic de fertilité, voir signifier une véritable infertilité. L'endométriose peut en effet rendre aussi difficile la fécondation et la nidation d'un embryon. Tout comme pour l'adénomyose (épaississement du tissu utérin), tomber enceinte devient alors un parcours du combattant.
Cependant, pour bien vivre ses règles, tout en prenant soin de sa santé, mieux vaut utiliser une protection hygiénique réutilisable comme la culotte de règles.
Les points qui différencient le TDPM du SPM
Si pour le TDPM et le SPM, l’intensité n’est pas la même pour chaque cycle menstruel, le trouble dysphorique prémenstruel est, quant à lui, très rapide. Il surprend parfois en quelques heures, et la personne touchée peut passer d’un état stable émotionnellement à un état de dépression grave. Et cette montagne russe émotionnelle dure généralement toute la phase lutéale, soit la moitié du mois environ. A contratrio, le syndrome prémenstruel est beaucoup plus progressif et ne dure que quelques jours.
Qu’est-ce qui déclenche le trouble dysphorique prémenstruel ?
Tout comme pour le syndrome prémenstruel, les études scientifiques analysant les causes et facteurs déclencheurs du trouble dysphorique prémenstruel n’en sont qu’à leurs débuts. Cela fait assez peu de temps que le sempiternel « c’est rien, vous avez juste vos règles » a fait place à une vraie considération sur le mal-être physique et/ou émotionnel ressenties par les personnes menstruées.
Pour autant, le TDPM est forcément lié à une variation hormonale ; les hormones jouant un grand rôle sur nos émotions. Pour autant, les personnes souffrant du trouble dysphorique prémenstruel présentent des taux hormonaux non différenciants, ni de trouble significatif de l'hypophyse. On suppose donc une certaine vulnérabilité du système nerveux aux variations hormonales, qui rendraient celles-ci plus difficile à vivre. Comme pour beaucoup d’autres problématiques de santé, nous ne répondons pas tous.tes de la même façon à ce qui peut nous impacter.
Du côté des psychologues, l’hypothèse d’une forte exposition au stress et/ou d’un lourd passé psychologique comme facteur déclencheur du TDPM a été émise. Ce n’est pour autant pas assimilé à une maladie mentale. Il s’agirait plutôt d’un problème neuroendocrinien.
Dans tous les cas, n'hésites jamais à consulter un gynécologue si tu subis tes cycles menstruels ou si tu observes un changement hormonal.
Comment traiter et apaiser les symptômes prémenstruels aigus ?
On ne le répètera jamais assez, mais une bonne hygiène de vie et une alimentation équilibrée contribuent à réguler les troubles ressentis. Pour autant, cela n’est pas suffisant pour traiter totalement un trouble dysphorique prémenstruel.
Cependant, ce n’est pas la seule option possible : si tu es atteinte de troubles dysphoriques prémenstruels, tu peux essayer une thérapie cognitive et comportementale pour mieux gérer tes émotions. Tu peux aussi prendre des suppléments hormonaux, non pas à base de progestérone, œstrogène, mais plutôt de drospirenone, un contraceptif oral (pilule) avec un faible taux d’œstrogènes.
Une ménopause temporaire, grâce à une injection d’hormones (oestrogènes), voir un retrait des ovaires et de l’utérus, peut aussi être envisagée dans les cas les plus graves. Pour autant, ce type de solution n’est pas sans conséquences sur la santé générale.
Tu peux donc aussi, temporairement, opter pour la prise d’antidépresseurs légers, comme le Prozac qui a un inhibiteur de la recapture de la sérotonine ou de la noradrénaline. La prise de ce traitement doit se limiter à la période lutéale, et permet d’obtenir des effets sous 24 à 48h.
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